INTENTION
« La barrière entre l’acteur et le spectateur m’a toujours interrogée. Le public ou le non-public peut-il être acteur de l’objet qui est en train de se jouer ? Puis-je l’amener à questionner la place qui lui est conventionnellement donnée ?
C’est en travaillant dans l’espace public qu’il est possible de donner une place à part entière à l’interprète, au spectateur et au passant. Mes questionnements trouvent ici des possibilités de réponse et cet espace devient à mes yeux un terrain de jeu cohérent et intéressant.
J’interroge dans mon travail la notion de public, de non-public et de tout public et aime à jouer de la frontière subtile entre le spectateur, le passant et l’interprète.
Les interprètes jouent à inventer une relation privilégiée et particulière avec chaque individu faisant partie de leur environnement, à interagir avec le réel.
Chacun participe à part entière à un spectacle qui s’inscrit dans le monde vivant qui l’entoure.
Cette approche amène le spectateur à être plus alerte, plus attentif au détail, sur le qui-vive, prêt à voir et à croire qu’un quelconque événement puisse participer à la mise en scène, qu’un objet urbain puisse être un élément de la scénographie. Il développera davantage un regard contemplatif et curieux et pourra reconnaître dans n’importe quelle situation quotidienne une nourriture artistique. Cela attise également la suspicion, n’importe quelle personne peut entrer en jeu à tout moment : un passant peut être un personnage non encore identifié, un spectateur peut cacher un interprète…
La fine barrière qui oppose geste et mouvement propose notamment un entre-deux propice à une écriture chorégraphique enrichissante. Les matières de corps se construisent donc en partant de gestes quotidiens, banals, usuels. Le corps emprunte à l’ordinaire et la gestuelle est dite « normale ». Le mouvement est progressivement répété, détourné, agrandi. Le vocabulaire commun devient de plus en plus étranger, même si l’appui de base reste identique, mais le mouvement diffère dans sa forme finale. Peu à peu la gestuelle commune devient plus atypique, plus personnelle, décalée, pas vraiment en adéquation avec son environnement ou les gens qui l’entourent et paraît moins réaliste. »
Julie Alamelle
BIOGRAPHIE
Obtient un DE de professeur de danse en 2001, puis continue sa formation au sein du CDC – Toulouse.
Après avoir travaillé avec différentes compagnies (Étant Donné – Rouen, Emmanuel Grivet – Toulouse…), elle intègre en 2005 la compagnie d’art de rue Artonik – Marseille, avec qui elle collabore encore aujourd’hui.
Elle fonde en parallèle la compagnie Mouvimento et débute son travail de recherche en composition instantanée. A partir de 2009, elle s’associe avec Wendy Cornu pour co-diriger la compagnie. Ensemble, elles co-signent 4 pièces entre 2013 et 2016.
Depuis 2017, elle accompagne en tant que regard extérieur plusieurs projets chorégraphiques, théâtraux et cinématographiques (Sangkhumtha / art de rue / Cie Artonik, Roses / clip / Havez Prod, Empreintes / danse / Cie Crésalys.
Elle suit en 2019-2020 une formation de 200h en Body-Mind Centering® appliqué à la danse avec Lulla Chourlin et Anne Garrigues et affine ainsi son travail en composition instantanée.
Aujourd’hui elle navigue entre interprète, chorégraphe, danseuse, performeuse, artiste de rue et pédagogue.
Créations : (En)cadré(e) (2020), Sois sage et tais-toi ! (2017-2020), Faille temporelle (2012-13), On s’emballe (2010)
Co-créations avec Wendy Cornu : Effacée(s) (2016), De chair et d’os (2015), Décalage horaire (2014-15), Ellipses (2013-14)